Exploiter intelligemment les angles morts grâce à des petits présentent bien placés.

La distribution moderne, qu’elle soit alimentaire ou spécialisée, s’appuie sur la capacité à capter l’attention du client où qu’il se trouve dans le magasin. Pourtant, chaque surface de vente présente ses angles morts - ces zones que le flux naturel de circulation ou l’agencement rendent peu visibles, souvent négligées par rapport aux allées principales et aux têtes de gondole. Plutôt que d’y voir un handicap irrémédiable, certains commerçants transforment ces coins discrets en opportunités grâce à des petits présentoirs soigneusement choisis et positionnés.

Pourquoi s’attarder sur les angles morts ?

Dans un espace commercial classique, les parcours clients suivent des schémas prévisibles. Les grandes enseignes investissent massivement dans l’optimisation du « circuit client », mais même dans les points de vente plus modestes, on observe une forte concentration d’activité autour des caisses et des rayons centraux. Cependant, selon plusieurs études menées par des cabinets spécialisés en retail (ex : Procos ou IFLS), jusqu’à 15 % de la surface totale d’un magasin peut être sous-exploitée parce que peu fréquentée ou mal valorisée.

Pourtant, cette superficie n’est pas perdue si l’on sait l’animer avec intelligence. J’ai vu dans une supérette de quartier un espace coincé entre la porte du local technique et le rayon frais, transformé en zone de découverte pour des biscuits artisanaux locaux via un petit présentoir bois clair : malgré sa discrétion initiale, le taux d’écoulement hebdomadaire y a dépassé celui du rayon standard pendant plusieurs semaines.

Comprendre ce qui fait un angle mort

Un angle mort n’est pas forcément synonyme d’obscurité ou d’encombrement. Il peut s’agir :

    D’un recoin créé par une colonne structurelle D’un couloir secondaire entre deux univers produits De la zone derrière une porte battante D’une extrémité de linéaire mal éclairée Ou même d’un espace devant une fenêtre basse peu utilisée

L’important est de bien repérer ces zones lors de l’analyse du point de vente. J’ai accompagné plusieurs franchisés qui croyaient avoir exploité chaque mètre carré alors qu’un simple changement d’angle de vue révélait deux ou trois emplacements quasi invisibles depuis la caisse ou l’entrée principale.

Le rôle clé du petit présentoir magasin

Le choix du support fait toute la différence dans ces espaces atypiques. Un grand meuble ou une palette imposante aurait tendance à encombrer visuellement et physiquement un angle mort. Au contraire, un petit présentoir magasin permet d’apporter une animation ciblée sans gêner la circulation ni alourdir l’ambiance.

Les modèles compacts sur pied sont particulièrement appréciés pour leur modularité. On trouve aussi des solutions murales minces, idéales pour habiller une zone proche du sol sans risquer les chocs avec caddies ou poussettes. Le matériau utilisé compte également : il vaut mieux opter pour quelque chose qui tranche subtilement avec le mobilier existant tout en restant cohérent avec le style général (un bois clair dans un cadre épuré nordique, du métal coloré dans une ambiance urbaine).

Dans une boutique bio lyonnaise où je suis intervenu, nous avons opté pour trois mini-présentoirs en carton recyclé imprimés aux couleurs locales afin d’attirer l’œil sur une gamme saisonnière installée près des cabines d’essayage - habituellement désertées hors affluence. Résultat : +18 % de ventes sur la gamme concernée durant deux mois.

Comment choisir ce qu’on y expose ?

Il ne suffit pas de remplir ces petits supports au hasard : chaque angle mort réclame son assortiment spécifique.

Les produits légers à faible rotation trouvent parfois leur salut ainsi mis en avant dans un coin discret ; inversement, certains best-sellers bénéficient ponctuellement d’une visibilité supplémentaire si on anticipe un pic saisonnier (chocolats lors des fêtes, crèmes solaires au début du printemps). L’important reste toujours d’adapter la sélection au profil type du client fréquentant cette partie précise du magasin - on n’utilisera pas les mêmes références près d’un rayon enfants que derrière le comptoir boucherie.

On a tort aussi de négliger l’aspect expérientiel : échantillons testeurs cosmétiques posés devant les toilettes clientes, accessoires high-tech près du SAV… Ces petites attentions déclenchent souvent un achat impulsif négligé par ailleurs.

Exemples concrets et retours terrain

Voici quelques situations réelles observées lors d’accompagnements professionnels :

Dans une librairie indépendante située en centre-ville, un étroit passage menant vers la réserve restait inutilisé hormis par les employés. Un mini-présentoir sur roulettes y a trouvé place pour mettre en avant des carnets et stylos fantaisie raccords avec les tendances scolaires ; certains jours, il représentait jusqu’à 8 % des ventes accessoires. Une pharmacie rurale disposait d’une alcôve sombre à côté des fauteuils destinés aux clients âgés attendant leur ordonnance. Après installation d’un support mural accueillant échantillons dermocosmétiques et brochures éducatives santé, on a constaté non seulement plus de ventes annexes mais aussi davantage de conversations conseils pharmaciens/clients. Un primeur parisien manquait cruellement de linéaire frais mais possédait un renfoncement peu visible près des œufs : il y a placé chaque semaine différentes variétés rares proposées « en vedette » sur un plateau légèrement incliné ; selon ses dires directes après six mois : “je vends là où personne ne regarde”.

Ces exemples montrent que la démarche fonctionne tant qu’on adapte format et offre au contexte local et au comportement réel observé sur site.

Les pièges à éviter

Exploiter intelligemment les angles morts ne signifie pas transformer chaque recoin en empilement chaotique. Plusieurs erreurs reviennent fréquemment chez ceux qui cherchent trop vite à maximiser leur surface commerciale :

Première erreur : négliger le passage et créer ainsi goulot d’étranglement ou obstacle gênant pour personnes âgées ou familles avec poussette.

Deuxième travers courant : multiplier les supports hétéroclites sans logique esthétique ni cohérence merchandising ; cela brouille le message global du point de vente et rend difficile toute lecture rapide par le client pressé.

Troisième écueil : oublier la maintenance régulière (nettoyage/dépoussiérage) ou laisser dépérir le contenu sans renouvellement attractif - rien n’est pire qu’un coin poussiéreux abandonné sous prétexte qu’il était déjà “invisible”.

Enfin, il faut rester attentif aux règles sanitaires : certains produits ne supportent ni chaleur excessive (proximité radiateurs/fenêtres) ni courants d’air directs (pâtisseries fraîches exposées devant portes automatiques).

Optimiser sans saturer : dosage subtil et mesure continue

Bien exploiter ses angles morts implique donc finesse et vigilance continue plutôt qu’empressement maximaliste. Je recommande toujours aux commerçants débutants quelques semaines “d’essai” sur chaque spot identifié afin d’observer précisément ce qui fonctionne auprès du public réel - parfois seul un léger décalage latéral suffit à doubler la visibilité perçue depuis le circuit principal.

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Pour mesurer concrètement l’impact des petits présentoirs magasins placés dans ces zones discrètes :

    Suivre hebdomadairement les rotations produits spécifiques à cet emplacement Comparer avec chiffres normaux obtenus ailleurs en linéaire classique Demander directement retour clients (“Avez-vous vu nos nouveautés ici ?”) Observer comportements via vidéo-surveillance discrète si disponible (toujours respecter confidentialité RGPD)

Un commerçant nantais me racontait récemment avoir déplacé son mini-présentoir confiseries grand public trois fois avant que celui-ci génère enfin plus que 3 ventes/jour - preuve que micro-réglages valent souvent mieux que gros investissements initiaux hasardeux.

Les différents formats gagnants selon contexte

Il existe aujourd’hui quantité de modèles adaptés selon typologie point-de-vente :

| Type | Avantages principaux | Cas idéal | |-----------------------|----------------------------------------|---------------------------------------------------------| | Présentoir comptoir | Très compact ; attire lors paiement | Près caisses/paiement rapide | | Présentoir mural fin | Gain place ; sécurise petits articles | Espaces étroits/couloirs | | Présentoir rotatif | Permet large choix articles | Boutique cadeaux/papeterie | | Chevalet sol | Mobile/facile déplacer | Promotions temporaires/événements | | Mini-gondole mobile | Modulable selon saison | Grandes surfaces/magasins évolutifs |

Chaque format possède ses limites propres (capacité stockage réduite pour modèle comptoir ; nécessité ancrage solide version murale) mais bien choisi il transforme réellement l’attractivité locale sans déséquilibrer ensemble commercial.

Checklist pratique pour réussir son implantation

Avant tout aménagement définitif dans vos angles morts :

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Identifier précisément flux circulation actuel. Sélectionner support adapté au volume produit souhaité. Tester visuellement visibilité depuis différents points clés. Penser renouvellement régulier offre/PLV associée. S’assurer conformité normes sécurité/accessibilité (hauteur adaptée PMR…).

Cette petite liste permet déjà d’éviter nombre d’erreurs classiques rencontrées chez ceux qui improvisent trop vite sous pression fournisseurs ou manque temps analyse préalable.

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Donner vie à ses angles morts grâce au storytelling produit

Un détail souvent sous-estimé : raconter brièvement pourquoi tel article se retrouve ici rend le lieu vivant malgré sa discrétion initiale ! Une carte écrite main expliquant l’origine artisanale derrière le savon posé près lavabos clients marque durablement bien davantage qu’une simple étiquette prix impersonnelle.

Au fil des ans j’ai vu fleurir anecdotes touchantes (“Produit imaginé par nos voisins apiculteurs”, “Recette revisitée spécialement pour notre quartier”…). Ce supplément narratif engage conversation spontanée entre équipe magasin et clientèle fidèle - c’est là toute la différence entre coin oublié et mini-espace signature mémorable.

Quand miser sur la rotation fréquente ?

Certains commerces exploitent leurs angles morts comme laboratoire permanent : ils changent tous les quinze jours ce qui y figure afin de jouer sur effet surprise récurrent auprès habitués comme nouveaux venus. Cela requiert rigueur logistique accrue mais dynamise considérablement perception globale dynamisme point-de-vente… quitte parfois à donner envie aux clients réguliers “d’aller voir ce qui se cache aujourd’hui là-bas”.

Ce principe fonctionne surtout si votre assortiment comporte beaucoup petites références saisonnières ou locales difficiles à faire tenir toutes ensemble ailleurs faute place suffisante sur linéraires fixes traditionnels.

Conclusion implicite : penser agilité plutôt que remplissage uniforme

Le vrai secret réside https://giulia.timeforchangecounselling.com/comment-creer-une-experience-immersive-grace-a-un-bon-choix-de-presentation moins dans quantité supports installés que dans pertinence stratégie menée autour eux : chaque angle mort devient prétexte inventer nouvelle expérience client plutôt qu’espace fourre-tout anonyme supplémentaire.

Mieux vaut installer trois petits présentoirs magasins intelligemment pensés/animés plutôt que douze gadgets entassés sans harmonie ni suivi… C’est cette exigence qualitative alliée observation continue terrain qui distingue ceux dont les ventes progressent vraiment sur longue durée malgré contraintes physiques imposées par locaux existants.

C’est finalement là tout l’art discret mais efficace du merchandising agile – transformer invisible en remarquable grâce juste dose créativité opérationnelle alliée sens pratique quotidien éprouvé !